L'année 2021 démarre en trombe avec l'excitant deuxième album des Viagra Boys.

Le premier effort du groupe suédois, Street Worms, sorti fin 2018, a ici tourné en boucle durant cette satanée année 2020. Au-delà des singles Sports et Just like you qui leur a amené la notoriété, l'album regorge de bons morceaux qui donnaient déjà une furieuse envie de les voir sur scène.

Leur recette magique, une ambiance punk infusé de blues et de jazz, est un remède aux coups de mou... comme les pilules bleus. Welfare Jazz continue largement dans la même veine déglinguée.

Ain’t Nice, titre d’ouverture, s'annonce comme le digne successeur de Sports et donne vraiment la bougeotte. Derrière le micro, Sebastian Murphy, torse nu et tatoué, affiche une gueule de bois permanente. Il a tout pour être le nouvel archétype du chanteur punk. Avec sa voix, marquée par les abus, il célèbre encore les exclus et les miséreux; mais Murphy nous montre désormais son côté crooner sur le très blues I Feel Alive ou l’introspectif Into the Sun.

Oskar Carls et ses solos de saxo tonitruants font toujours des merveilles : particulièrement sur Girls & Boys et son beat disco incendiaire, ainsi que sur l’instrumental 6 Shooter, un boeuf cacophonique que les férus de free-jazz devraient apprécier.
Autre morceau marquant, Toad et sa boucle de basse lancinante, nous fait penser inévitablement à Nick Cave.

Pas de révolution donc, ce qui ravira les fans de Street Worms dont je fais partie. Mais Welfare Jazz voit quand même le groupe accroître sa palette de styles avec la très pop Creatures et la country In Spite Our Ourselves, qui conclut cet album, avec en guest la chanteuse Amy Taylor du groupe Amyl and the Sniffers.

Viagra Boys met d’ores et déjà la barre très haute concernant les albums rock de l’année. Pour l'instant, confinement oblige, pas question de les voir en concert. Viagra ou pas il va falloir ronger son frein.